La mairie d'Estepona informe que l'exposition intitulée 'Goya. Désastres de la Guerre. Collections Fondation MAPFRE', visible au Mirador del Carmen, a accueilli plus de 3 200 visiteurs depuis son ouverture le 18 novembre dernier.
Cette exposition, qui restera ouverte au public jusqu'au 10 mars 2024, présente les 80 estampes que Francisco de Goya y Lucientes a réalisées pour exprimer la douleur et l'angoisse qu'il ressentait face aux événements de guerre et à leurs conséquences sur la population civile.
Ce recueil de gravures, organisé par la municipalité et la Fondation MAPFRE, est accessible gratuitement aux résidents de la ville. La présence de ces œuvres de Goya consolide le Mirador del Carmen en tant qu'espace d'exposition de renom au niveau national. Il est à noter que le centre a été inauguré avec une collection picturale de Carmen Thyssen-Bornemisza, offrant un parcours intéressant à travers la peinture espagnole des XIXe et XXe siècles.
Concernant l'exposition actuelle, il convient de souligner que les gravures de Francisco de Goya constituent une partie essentielle des collections de la Fondation MAPRE, confirmant l'intérêt constant de cette entité pour l'œuvre sur papier et, en particulier, pour l'œuvre gravée.
La modernité avec laquelle Goya aborde la représentation de la guerre et de ses conséquences reste pertinente aujourd'hui. Il est le premier artiste à le faire sans exalter l'héroïsme d'un camp ou de l'autre, sans prendre parti. Au contraire, il montre la douleur et la barbarie d'un tel événement, universalisant ainsi son impact. Goya représente ce qui s'est passé pendant la Guerre d'Indépendance, mais cela pourrait tout aussi bien être n'importe quelle guerre.
'Les Désastres de la Guerre' de Goya sont le premier exemple dans l'histoire de la peinture où des faits tels que la guerre et ses conséquences sont représentés non comme des actes héroïques, mais comme le désastre et la barbarie qu'ils sont réellement : peur, terreur, famine et pauvreté. Goya représente la guerre presque comme une chronique, et les faits sont si cruels qu'en même temps qu'ils dénoncent, ils semblent exprimer un appel fort à la paix.
Contrairement à d'autres estampes de l'époque, où l'on mettait en avant l'héroïsme des combattants et le tumulte des batailles, l'artiste aragonais se concentre sur le point de vue des victimes, une approche inédite jusqu'alors dans l'histoire de la peinture. Les victimes et leur souffrance, ainsi que la critique politique, sont les protagonistes de ces estampes, incitant le spectateur à réfléchir. Il semble que Goya n'ait pas seulement représenté les faits pendant la Guerre d'Indépendance, mais qu'il ait aussi annoncé et attiré l'attention sur toutes les guerres et leur barbarie, celles qui ont eu lieu, qui ont lieu et qui continueront d'avoir lieu à différents endroits du monde.
Aujourd'hui, sept éditions de 'Les Désastres de la Guerre' sont conservées. La quatrième, qui fait partie des Collections Fondation MAPFRE, a été réalisée en 1906 à la Calcografía Nacional. Le tirage a été limité à 275 exemplaires, sur papier crème vergé de qualité et encre noire très foncée.
L'ensemble des estampes est généralement divisé en trois parties : les deux premières [Désastres 1 à 64] constituent les 'désastres de la guerre' proprement dits, tandis que la troisième, les soi-disant 'caprices emphatiques' [Désastres 65 à 80], de caractère plus allégorique, sont compris comme une réflexion politique sur le gouvernement absolutiste de Fernando VII après la fin de la guerre et le retrait des troupes françaises.
La violence dont Goya a été témoin pendant la Guerre d'Indépendance l'a poussé à reprendre dessins, croquis et estampes, une activité qu'il avait quelque peu délaissée depuis la réalisation de 'Les Caprices' en 1799. Ce type de travail, de caractère privé, constituait un moyen efficace d'exprimer la douleur et l'angoisse qu'il ressentait face aux événements de guerre et à leurs conséquences sur la population civile.
Bien qu'il ne les ait pas publiés de son vivant, probablement en raison de la situation politique, car sa vision critique du conflit aurait heurté les désirs commémoratifs du monarque Fernando VII à son retour en Espagne, nous connaissons une édition complète et reliée qu'il a remise à son ami Ceán Bermúdez avant son départ pour Bordeaux en 1824. Sur la couverture manuscrite de cet album, on peut lire : "Fatales conséquences de la guerre sanglante en Espagne avec Buonaparte. Et autres caprices emphatiques, en 85 estampes. Inventées, dessinées et gravées par le peintre original D. Francisco de Goya y Lucientes. À Madrid". Les limites chronologiques exactes de l'exécution de la série sont inconnues, mais elle est généralement datée entre 1810, date qui apparaît sur trois des estampes, et 1815.
Goya, aux côtés d'El Greco, Velázquez et Picasso, fait partie des grands noms de la peinture espagnole. Homme de son temps, son œuvre transcende cependant son époque et ouvre de nouveaux horizons qui nous permettent de comprendre non seulement l'histoire de l'art moderne, mais aussi celle de l'art contemporain, tant en Espagne que dans le monde entier.
L'exposition pourra être visitée gratuitement par les résidents de la ville. Le prix des billets sera de 6 euros pour le grand public et de 4 euros en tarif réduit pour les non-résidents. La salle d'exposition sera ouverte du mardi au dimanche, de 10 h à 14 h et de 16 h à 20 h.
L'article original peut être consulté sur cette page https://ayuntamiento.estepona.es/noticia/17766-mas-de-3-000-personas-visitan-la-exposicion-goya-desastres-de-la-guerra-en-el-mirador-del-carmen
